Visiter la cité et l’hôtel Mame à Tours et autres cités ouvrières

Visiter la cité Mame à Tours et l’hôtel particulier Mame, ouvert pour les journées du patrimoine ( où j’ai vu la belle expo deSandra Daveau Noces de Pigment au Château de Tours), c’est partir à la découverte d’une famille d’entrepreneurs qui a marqué l’histoire et le paysage de la ville! Et pour prolonger cette balade automnale, ses feuilles mortes, ses lumières rasantes et ses averses, je vous propose de découvrir d’autres cités ouvrières (et une pause coffee shop, c’est ça aussi l’automne !) :

Visiter la cité Mame à tours

Sommes nous toujours à Tours, ou dans une cité minière du Nord ou encore dans une rue de Londres ? Au détour d’une rue, à deux pas des halles de Tours, le tuffeau cède sa place aux briques, pour un décor étonnant!

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Je m’attendais à un beau tapis de feuilles d’automne craquant sous les pas sur la place au pied des tilleuls… elles avaient été ramassées, dommage pour la thématique automne de cet article! Un peu comme ça dans mon idée:

http://aquavit37.fr/2012mame/mame1.jpg

Tant pis pour les feuilles, un charmant chat est prêt à jouer le guide, partons à la découverte du quartier! La famille Mame est une véritable dynastie d’imprimeurs, depuis Charles-Pierre Mame, qui était l’ Imprimeur de la Ville et de l’Evêché d’Angers, puis Imprimeur du Roi et Imprimeur du Département en 1790. Ses fils poursuivent l’entreprise et l’étendent dans d’autre villes : Amand Augustin-Ferdinand à Tours où l’entreprise familiale perdurera jusqu’en 1970. Mame se spécialise dans l’impression des beaux livres, d’art en particulier mais aussi religieux ou éducatifs. Primée à plusieurs reprises lors des expositions universelles, la Maison Mame reçoit notamment la médaille d’honneur en 1855 pour l’édition de La Touraine de l’Abbé Bourassée. Dans la catégorie des ouvrages religieux, la Bible Illustrée par Gustave Doré publiée en 1866 constitue leur meilleure vente. (plus d’infos ici) .

Alfred Mame implante à Tours dans les années 1870 une cité ouvrière pour les employés de son imprimerie, s’inscrivant dans la mouvance paternaliste des grands industriels français, comme Godin à Guise, Schneider au Creusot ou Menier à Noisiel. Il confie la réalisation de son projet à l’architecte tourangeau Henri Racine (à qui l’on doit également la rue Léonard de Vinci à Tours (ex rue de la Banque et Jeanne d’Arc).

62 maisons sont édifiées,  entre la rue de la Bourde au nord et la rue Jules-Charpentier, autour d’une place centrale, offrant un confort exceptionnel pour le logement ouvrier du XIXème, la plupart avec une petite cour à l’arrière. Elles possèdent au rez de chaussée: une entrée, une grande pièce avec cheminée, une cuisine dans une extension côté cour. Deux chambres composent l’étage, surmonté de combles. Quelques maisons sont un peu plus grandes. En 1963, la Maison Mame, encore propriétaire des demeures, vend les pavillons qui sont actuellement habités par des particuliers.

La maison Mame met également en place une série de services pour les familles des ouvriers : gratuité des soins pour les femmes et les enfants, coopérative alimentaire, caisse de secours mutuel, caisse de retraite, participation des employés aux résultats de l’entreprise …

Alfred Mame crée en 1871 une première maternelle où séjournent les enfants de 2 à 6 ans durant la journée de travail de leur mère. Un autre établissement est ouvert en 1883 au n°11 rue Racine, accueillant : crèche, asile, école et ouvroir ( où les jeunes filles se réunissant pour travailler à différents ouvrages) . L’encadrement et la gestion sont confiés aux Sœurs de la Présentation. Le site accueille plus de mille enfants entre 1872 et 1887.
Toutes identiques ? Ou toutes différentes ? Une touche de couleur sur la porte ou les volets, une boite aux lettres à l’anglaise, des fleurs… chaque maison a bien sa propre identité!

La première usine Mame avait été construite rue Néricault Destouches. Détruite par les bombardements de 1944 elle est reconstruite un peu plus loin,  par Bernard Zehrfuss, Jean Prouvé et le peintre Edgar Pillet et inaugurée en 1953. En 1954, l’usine Mame obtient le Grand Prix d’architecture industrielle de Milan. Dans les années 1860, l’entreprise employait jusqu’à 1500 ouvriers.  En 1867, 6 millions d’ouvrages sortirent des imprimeries Mame.

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En déclin à partir des années 1970, l’Usine Mame fut rachetée par Tours Plus et rénovée avec l’architecte Franklin Azzi, l’école des beaux-arts ( École supérieure d’art et de design TALM-Tours ) et plus d’une trentaine de start-up s’y installent. (infos ici)

Sous la pluie lors de ma visite :

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Lors de son inauguration, sous la pluie aussi!

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https://thegoodlife.thegoodhub.com/diaporama/imprimerie-mame-totem-a-hauteur-ambitions-de-loire-valley/

Coffee shop à tours : Sésame – Mame

Bref, une bonne excuse pour aller prendre une pause gourmande chez Sésame le restaurant et coffee shop installé dans l’ancienne usine Mame

https://www.facebook.com/profile.php?id=100075646249498

Et là au moins, je suis raccord avec le thème Automne de cet article!

Visite de l’hôtel particulier Mame

A l’occasion des journées du patrimoine, j’ai pu enfin franchir la porte de ce bel hôtel particulier qui attire l’œil dans le quartier des théâtres de Tours de quoi compléter la balade dans la cité Mame!

A cette occasion, nous y étions accueillis par les sculptures chaleureuses et joyeuses de  Laurence Dréano , qui rappellent Botero et Niki de Saint Phalle.

Il était possible de visiter librement les extérieurs, avec la fontaine des amours du XIX, un beau petit jardin et d’admirer ainsi les façades sous toutes les coutures !

 Cet hôtel particulier a été construit de 1762 à 1770 par l’architecte Pierre Meusnier pour l’armateur et riche marchand Gilles Lefebvre de Montifray. Il a été racheté en 1834 par Ernest Bidault (dont les initiales EB sont visibles sur le bâtiment) puis est acquis en 1872 par Alfred Mame (le AM figurent aussi, il faut partir à la chasse aux initiales!) , qui lui a donné son nom. L’hôtel se compose de trois bâtiments élevés autour d’une cour rectangulaire : l’hôtel entre cour et jardin, les communs et une construction du 19e siècle. 

Lors de ces journées du patrimoine, il était également annoncé : visites guidées «Histoire du bâtiment – saga des Mame, éditeurs et imprimeurs» , si le contenu en était passionnant avec une guide retraçant l’histoire du bâtiment puis celle de la famille Mame, seuls l’entrée du bâtiment et son escalier était visibles, « conférence » aurait été plus juste comme annonce que « visite ».

Pour en découvrir un peu plus sur les intérieurs : culture Tours  La curiosité principale en est bien l’escalier, avec sa rampe en fer forgé et doré et ses scènes animalières en bronze

Pour prolonger autour de la famille Mame direction le sud du département avec Visiter Chanceaux près Loches – forêt des livres

Balade art déco à Tours

Ne manquez pas sur le chemin entre la cité Mame et l’hôtel particulier du même nom, l’ immeuble Duthoo, entre Art nouveau et Art déco, rue Jules-Charpentier. Il est construit entre 1907 et 1910 sur des plans de l’architecte Jean-Frédéric Wielhorski ( ancien élève de Victor Laloux,) pour Arthur Duthoo, fondateur et propriétaire du magasin du Grand Bazar (devenu Nouvelles Galeries en 1897) de Tours, pour y loger certains de ses employés.

La façade est particulièrement belle au soleil couchant quand les carreaux de céramique étincellent au soleil. Avec ses bow-windows, ses cours et jardinets intérieurs, mais aussi à la construction tout le confort moderne de l’époque, ces logements ouvriers étaient à la fois esthétiques et confortables!

A voir à proximité : une autre page de l’histoire de la ville : Etoile bleue et Petit soleil à Tours Maisons closes et Art Déco, ou encore une rue insolite : Visiter Tours : balade autour de la rue Léonard de Vinci à Tours (ex rue de la Banque et Jeanne d’Arc)

Cité ouvrière à Tours : cité des bords de Loire et Cité-Jardin du général-Renault

Si le thème de ces cité logements et logements ouvriers vous intéresse, je vous en conseille deux autres à découvrir à Tours, l’une sur les bords de Loire, tout proche de l’ancienne usine Mame, l’autre en direction du Jardin Botanique de Tours.

La situation de mal-logement au sortir de la Première Guerre mondiale pousse la Ville à lancer des chantiers de logements sociaux à partir de 1921, avec un objectif de limitation des coûts et de la durée de construction, et le choix d’appartements plutôt que de maisons individuelles.

Vu la pluie qui n’avait pas cessé à la sortie du coffee shop, j’ai pris des captures de street view en attendant d’y retourner sous le soleil!

Rue du Sénateur Belle, la Cité-Jardin du général-Renault à Tours

C’est dans le quartier Giraudeau que la ville de Tours décida de construire ses premiers logements sociaux. 37 maisons en pierre sont bâties à partir de 1924, au nord-ouest de la rue du Général-Renault sur la rue du Sénateur-Belle et autour de la place Albert Letellier par Hector Caignart de Mailly. Chaque maison est divisée en deux logements et comporte son propre jardin, ce qui rapproche le secteur d’une cité-jardin à l’anglaise (brique, volets et barrières peints en blanc, moellons apparents).

La cité des Bords de Loire de Tours

La cité-jardin des Bords de Loire, donnant sur l’avenue Proudhon, a été réalisée par Hector Caignart de Mailly en 1928. Elle comporte 93 logements dont 21 pavillons individuels avec jardins. Située à deux pas de la Loire, l’entrée de sa cour centrale est marquée par deux pavillons imposants.

Le jardin des Prébendes à Tours

Et sous une éclaircie revenue , fin de balade au jardin des Prébendes qui en cette fin septembre commençait à revêtir de belles couleurs d’automne : ( pour en savoir plus sur ce jardin Le jardin des Prébendes)

Bref, une balade urbaine intéressante et gourmande!

Sur le thème des cités ouvrières, je vous invite à prolonger la visite par : Visiter Saint-Pierre-des-Corps

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de quoi faire aussi un clin d’oeil au groupe

14 commentaires

  1. […] Marie Thérèse Elisabeth Schneider se marie en 1904 avec Armand Mame (la célèbre famille d’imprimeurs de Tours). Le château est construit par l’architecte Octave Chauveau, également auteur de la façade de l’ancienne imprimerie Mame. Pour en savoir plus sur cette famille : Visiter la cité et l’hôtel Mame à Tours et autres cités ouvrières […]

  2. Merci pour cette belle visite automnale ! 🙂 Je m’arrête au Coffee Shop, les photos sont délicieuses ! Je ne suis jamais allée à Tours, ça me plairait de découvrir.

  3. Je en connaissais pas du tout cette cité ouvrière, je connais celle de Noisiel, et j’avais aussi visité celle à Guise, très impressionnante !
    L’architecture est très jolie, bien qu’elle ne ressemble pas au reste de la ville et j’aime bien également le style des logements ouvriers art déco ! 🙂

  4. Oh mais ce devait être absolument passionnant. Depuis quelques années le patrimoine ouvrier est à l’honneur, c’est une vraie richesse.

  5. Vraiment très intéressants ces cités ouvrières et cités jardins. Certaines sont vraiment belles et ont un certain cachet – le style est complètement différent de celle que je connais (à Noisiel et à Mulhouse), ce qui renforce l’idée que chaque région de France possède son architecture locale. Merci pour la visite et bel automne à toi ! 🙂

  6. L’automne est une belle saison pour visiter nos villes, la lumière et les feuillages donnent de jolies colorations aux bâtiments. J’ai beaucoup aimé les maisons de la cité ouvrière de Tours.

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