Visiter Saint-Pierre-des-Corps

Aujourd’hui, je vous emmène visiter Saint-Pierre-des-Corps! En général cette proposition suscite un certain étonnement… Saint-Pierre des Corps, quand on demande à wikipédia, voici les photos que l’on trouve en premier :

Visiter Saint-Pierre-des-Corps indre et loire

La gare TGV, les tours des cités, les rails partout… et quand même un monument historique; il est sur les photos, j’en reparle ensuite! Bref, l’idée de visiter Saint-Pierre-des-Corps semble incongrue… autant dire que pour le thème « Villes malaimées »du rendez-vous #EnFranceAussi , de Le coin des voyageurs, proposé par Le petit explorateur, j’ai sauté sur l’occasion de vous parler de cette ville sous un autre angle!

J’espère vous donner envie de la découvrir plus profondément, au départ de la gare bien sûr, voilà bien une ville à visiter sans voiture !

Prévoyez de bonnes chaussures tout de même pour visiter Saint-Pierre des Corps qui est très étendue!

Un canal, une autoroute, une voie ferrée….

L’histoire de Saint-Pierre des Corps est très liée aux moyens de transport. Politiquement, patrimonialement , mais géographiquement d’abord , la Loire au Nord, le Cher pas loin au sud, et entre les deux, l’A 10 d’un côté, le rail de l’autre…

Et la paroisse historique de Saint-Pierre elle est où dans tout cela ? Pas là! A gauche, de l’autre côté de l’autoroute, hors plan donc. A l’origine la paroisse de Saint-Pierre se trouvait dans ce qui est désormais le quartier Blanqui de Tours. Sauf que, dans les années 1825, quand fut construit le canal de liaison du Cher à la Loire (à peu près là où se trouve désormais l’autoroute) qui prolongeait le Cher canalisé et le Canal de Berry (j’en parle ici) , cette église se trouvait totalement séparée de ses paroissiens dont les habitations s’étendaient à l’est. Un « échange de quartiers » fut alors fait avec Tours, chacun son côté du canal ! Le vieux Saint-Pierre se trouve donc… à Tours! L’église du quartier Blanqui s’appelle d’ailleurs « église Saint-Pierre-ville » en mémoire de ce passé (on peut y voir d’intéressants vitraux avec des scènes de vie d’artisans, de labour…).

Et pourquoi Saint-Pierre-Des-Corps ? Parce qu’il y avait plusieurs paroisses Saint-Pierre quelque chose à Tours ( le Puellier par exemple du côté de la place Plumereau), pour les différencier on y ajoutait une caractéristique, en l’occurrence ici, un cimetière romain. Quand aux habitants, ce sont les Corpopétrussiens.

plan-de-la-ville

visiter Saint-Pierre-des-Corps depuis la gare

Pour visiter Saint-Pierre-des-Corps, de la gare, on va rejoindre la place de la mairie pour approfondir un peu la riche histoire de cette commune du val de Loire avant de poursuivre la visite d’abord du côté ouest de la ville. On rejoindra ensuite les bords de Loire vers la limite de Tours puis l’on gagnera les quartiers de la reconstruction par le Grand mail et le boulevard Langevin pour terminer du côté du magasin général et autour de la gare.

Un peu d’histoire de Saint-Pierre-des-Corps pour commencer la visite

Saint-Pierre-des-Corps donc est une ancienne paroisse de Tours devenue « indépendante » à la Révolution. L’arrivée du chemin de fer bouleversa durablement la ville. Saint-Pierre abrite non seulement une gare (Paris à une heure de TGV) mais un important Technicentre . Lors de la seconde guerre mondiale, cette zone stratégique fut victime des bombardements alliés de 1944 qui détruisirent la commune à 85 pour 100 et lui valurent la Croix de guerre. Après les inondations dramatiques du XIXème, autant dire que chercher trace d’un bâtiment historique… c’est mission impossible ou presque!

L’église (sans clocher ) Notre Dame de la médaille miraculeuse, date de 1908. L’hôtel de ville des années 1910. Une abbaye de femmes (Saint-Loup) se trouvait du côté de l’avenue Jean Bonin.

Saint-Pierre devient un immense chantier dans l’après-guerre, il fallut faire face à l’expansion de population des trente glorieuses et construire ces grands ensembles décriés aujourd’hui. Ville ouvrière et cheminote, elle fut un bastion du communisme dès les années 1920.

Une histoire marquée par la guerre, de nombreux résistants chez les cheminots et leur entourage, du monument aux morts aux plaques de rue, la ville se souvient. Ne pas oublier par exemple Fabienne Landy et Line Porcher déportées en 1943 à Auschwitz-Birkenau  dont elles ne reviendront pas. Près de la gare, un monument à la résistance prend la forme d’un cerisier de bronze réalisé par Ernest PIGNON-ERNEST.

Et côté politique,  à noter qu’en 1924, deux femmes sont élues sur la liste communiste des municipales: Émilie Joly et Adèle Métivier . Très précurseur alors que les femmes n’auront le droit de vote qu’en 1944! Le préfet et le conseil d’état feront annuler leur élection, mais le symbole est fort!

Visiter Saint-Pierre des Corps côté nature, les rottes et les jardins

Avant d’être une ville ferroviaire, Saint-Pierre fut une ville maraîchère et n’a rien oublié de son passé! Dès le Moyen-Age les cultures se développèrent dans les terres sablonneuses des varennes de la Loire. Plusieurs réservoirs à eau ont été conservés, les noms des rues rappellent ce passé agricole. Plusieurs jardins agrémentent le centre ville, comme l’étonnant jardin méditerranéen derrière la mairie. Les palmiers sont d’ailleurs très nombreux dans la ville!

Il y a également de nombreux jardins ouvriers ou familiaux. Pour aller de l’un à l’autre, on serpente dans de petits chemins, les « rottes » un vrai dédale qui permet de découvrir soudain la façade d’une grange ayant résisté à la guerre et aux reconstructions, un autre réservoir d’eau ou encore un autre palmier! Autour du passage Jacquart, il en existe plusieurs à découvrir! Un Saint-Pierre à des années lumières de l’image que l’on s’en fait souvent! On y entend le chant des oiseaux, on y admire les cultures au fil des saisons… un secteur bucolique où il fait bon se promener!

Risques naturels, nouveaux quartiers…

Saint-Pierre n’en finit pas de se transformer. Espérant depuis longtemps accueillir le tramway qui la reliera peut-être un jour à Tours (l’avenue est prête!), la commune doit aussi faire face aux risques naturels. Entre Loire et Cher, son territoire est en zone inondable, on peut voir sur une maison les traces impressionnantes des crues du XIXème. Dans les nouveaux quartiers, ce risque est pris en compte avec des maisons surélevées. Il y a plusieurs réalisations d’habitations très modernes à découvrir au fil de la balade, mais les traces du passé maraîcher de la ville n’y sont pas oubliées, réservoir d’eau et espaces verts sont toujours là!

Oiseaux de bords de Loire

On arrive à une pause bien méritée de notre balade! On se glisse sous le pont de l’autoroute et l’on rejoint un havre naturel presque insoupçonné. Le paradis des oiseaux de Loire, hérons, aigrettes… le bonheur des ornithologues en herbe! Se poser face au fleuve royal, et observer…

Les quartiers de la reconstruction

Redescendant vers la gare, en obliquant vers l’est de la ville. En suivant le Grand Mail on arrive dans ce qui est le Saint-Pierre le plus connu, pas forcément pour de bonnes raisons, ces cités de l’après-guerre, qui étaient alors le fleuron du modernisme et qui n’ont pas toujours très bien vieilli. En traversant celle de la Rabaterie, il faut s’arrêter devant la fresque autour de la liberté réalisée en 1976 sur les murs de l’école Marceau avec des artistes chiliens (Brigada Luis Corvalan). On y découvre aussi une ancienne grange, qui rappelle qu’il y a bien longtemps, il y avait ici une grande exploitation agricole. Et côté étymologie, Rabbat signifierait diablotin, esprit frappeur…

Du côté du boulevard Paul Langevin, ne pas passer trop vite devant ces alignements de maisons qui semblent toutes identiques. En s’attardant, on découvre une multitude de détails de personnalisation, des couleurs différentes, des fleurs… Et surtout, il faut passer derrière, côté jardins, où l’on retrouve le Saint-Pierre côté nature et ses ruelles fleuries…

Du côté des rails… entre art et patrimoine

Entre chaufferie et ateliers SNCF, on découvre des lieux culturels qui bougent! On va terminer la balade là où on l’a commencée, du côté de la gare.

Si le street art s’est depuis longtemps invité avec plus ou moins de bonheur le long des voies ferrées, il faut également aller du côté des Ateliers de la Morinerie, friche industrielle reconvertie en ateliers d’artistes, du Point H^UT avec en particulier la Compagnie OFF (arts de la rue). Et peut-être bientôt un nouvel élan pour l’ancien Magasin général de la SNCF et sa grande verrière.

Fichier: Magasin général ex-SNCF - 21 avril 2015 (Saint-Pierre-des-Corps) 94.jpg

Avec un petit clin d’oeil à Gil KD du côté du magasin général…

Et le monument historique dans tout cela? Si l’on en revient à la première image, il y en avait un! Il s’agit de la locomotive à vapeur Pacific 231E41, symbolisant l’histoire cheminote de la ville. Elle fut classée monument historique en 2003. Longtemps exposée à l’extérieur, elle se trouve désormais dans le hangar aux avions du Magasin Général où elle est restaurée par un groupes de passionnés. Il est possible de la voir lors des journées du patrimoine ou autres événements de ce type.

Visiter Saint-Pierre-des-Corps

Convaincus ? Concernant le vieux Saint-Pierre, les rottes et toute l’histoire la ville, je vous recommande de faire une balade avec Claudine, une gretter passionnée qui sait faire aimer sa ville! Et pour le côté Loire et quartiers de la reconstruction, profitez de la « Non visite » d’Elise ! Bref, n’hésitez plus à aller visiter Saint-Pierre-des-Corps!

Et sur le thème des cités ouvrières, poursuivez par : Visiter la cité et l’hôtel Mame à Tours et autres cités ouvrières

38 commentaires

  1. C’est vrai que le nom est synonyme pour moi de gare TGV mais elle a l’air intéressante à découvrir. Déjà son histoire, le fait que la vieille paroisse fasse désormais partie de Tours, c’est assez surprenant. Ses petites allées fleuries sont jolies également, ça donne envie d’aller y faire un tour 🙂
    Merci pour ta participation !!

  2. Le thème de ce mois est une merveille : que de villes à découvrir. Oui, je n’aurai pas pensé aller m’y balader. mais à la lecture de cet article, pourquoi pas ?

  3. Coucou
    Je connais bien la gare de St Pierre pour y faire très souvent des correspondances lorsque je rentre dans le Berry, mais il est vrai que je n’ai jamais eu l’occasion de pousser plus loin la découverte !
    Des bisous
    Audrey
    https://pausecafeavecaudrey.fr

  4. Ville célèbre et totalement inconnue, pauvre Saint-Pierre. Merci à toi de nous la faire découvrir un petit peu.

  5. C’est vrai que st pierre, ça n’envoie pas du rêve, comme on dit. Merci pour ton billet, j’ai appris beaucoup!!!

  6. Amboise-Paris via Saint Pierre des Corps, pas très logique, d’autant plus qu’on arrive à Montparnasse et pas à Austerlitz comme prévu. Visité seulement les sandwiches (chers)

  7. De belles découvertes à y faire, comme ses bords de Loire, pour les ornithologues. La Loire est un fleuve passionnant pour les amoureux des oiseaux, comme moi.

  8. merci de la découverte
    c est vrai que j entends le nom de cette ville je pense d abord à la gare tgv proche de Tours

  9. Alors oui je suis convaincue ! Comme pour beaucoup, cette ville ne représentait pour moi qu’une halte entre Paris et Bordeaux. Merci pour ces explications très intéressantes et les belles photos.

  10. Tu as visé juste pour le thème d’EFA. Je connais surtout cette ville pour sa gare TGV, je ne connaissais rien d’autre d’elle quasiment. Je me faisais l’idée d’une ville dans l’ombre de Tours et j’avais eu vent de ces cités à la triste réputation. Etant utilisatrice des RER en Ile de France, j’entends souvent parler de ce techni-centre dont nos trains vont et viennent pour des réparations. Les petits jardins sont très mignons et les petites maisons qui se ressemblent un peu me font penser à des maisons d’ouvriers. Il y a aussi un club de Volley, j’ai vu passer ce nom au travail, même si le gros club du coin, c’est le Tours VB. 🙂

  11. Bonjour, j’avoue que je ne connais la ville que comme arrêt de train mais c’est vrai qu’un tramway qui la relierait à Tours pourrait certainement aider! (ça permettrait d’y aller pour la journée et de visiter également Tours!) Wow le nom des habitants ! Pas facile à dire ou de s’en souvenir!

  12. Bonjour, Je retiens le nouveau quartier avec ses habitations surélevées et les oiseaux du bord de Loire. Merci pour cette mise en lumière de St Pierre des Corps.

  13. Très chouette découverte ! L’histoire de St Pierre des corps me fait un peu penser à certaines villes de banlieue parisienne, avec les friches, la mémoire ouvrière et communiste, la reconstruction. Ce sont des endroits qui ne manquent pas d’ame ! Et avec la Loire à côté, c’est un vrai plus !

  14. J’avoue, jamais je n’aurais penser à St Pierre des corps pour un petit arrêt plus important qu’un arret TGV.

  15. Comme tout le monde, pour moi, Saint-Pierre des Corps se résumait à sa gare TGV. J’aurais maintenant un autre regard grâce à cette balade entre nature et architecture.

  16. Belle idée. J’ai bien connu cette ville il y a très longtemps, et je l’aime bien. J’aime ces endroits intéressants et pas faciles à aimer, pas trop lisses mais avec une identité et une âme Forte. L’histoire de cette ville a du sens, la municipalité communiste qui a oeuvré longtemps, la population populaire et ouvrière ouverte aux autres origines, la culture toujours présente et accessible à tous et puis ces coins de nature, et les jardins ouvriers, La Morinerie et en face l’atelier double de Sanjin Cosabic et Diego Movilla, il y a beaucoup d’artistes à St Pierre des corps et ce n’est pas un hasard…

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