Majorana 370 Azoulay Bouchaud Gallais théâtre de la Reine Blanche

Majorana 370 est la deuxième pièce que nous avons vue lors de cette petite escapade parisienne après La promesse de l’aube. Un spectacle choisi sur deux noms, celui de Xavier Gallais qui le met en scène et de Marie-Christine Letort qui y interprète Carine, appréciés l’été dernier dans Providence au festival d’Avignon.

Majorana 370 théâtre xavier gallais marie christine letort
© Pascal Gely / Hans Lucas

Connaissez-vous Ettore Majorana ? Je l’avoue, de mon côté, la réponse était négative avant de découvrir cette pièce de théâtre, et je suis ravie d’en sortir avec un peu plus de connaissances!

Ettore Majorana, physicien né en Sicile en 1906, dont Enrico Fermi disait « Dans le monde il y a plusieurs catégories de scientifiques : ceux qui font de leur mieux, et ceux, de premier plan, qui font de grandes découvertes, fondamentales pour le développement de la science. Et puis, il y a les génies, comme Galilée et Newton. Ettore était de ceux-là. » a mystérieusement disparu en 1938.

Suicide ? Disparition volontaire ? Et pourquoi, alors que tout s’ouvrait devant lui ? Sans trancher, la pièce revient sur sa jeunesse, le foisonnement intellectuel du groupe des  I ragazzi di Via Panisperna, surnom donné à ces jeunes scientifiques talentueux dirigés par Fermi, et sur sa disparition.

Mais Majorana 370 va bien au delà d’une « pièce biographique ». Les auteurs proposent un parallèle avec la disparition d’une femme, Carine, en 2014, dans le vol MH370 qui reliait Kuala Lumpur à Pékin. Le lien entre les deux histoires se fait par son épouse, Cléia, elle aussi physicienne (personnage qui m’a au final d’ailleurs peu touchée).

Les deux destins vont s’entre-croiser en permanence, pour mieux nous faire réfléchir. Solitude écrasante, incommunicabilité, mais aussi homosexualité, antisémitisme, attitude face au fascisme, place de la femme dans le groupe de jeunes scientifiques (beau personnage que celui de Laura « femme de » Fermi), transmission … Les thèmes vont bien au delà de la physique quantique! Il en est bien question cependant, de quoi réactiver quelques vieilles connaissances du lycée! On croise aussi Pirandello, le mythe d’Icare, les sujets de réflexion ne manquent pas, peut-être un peu trop d’ailleurs, il faut accepter de se perdre parfois, comme les personnages, pour mieux les comprendre.

Dans un astucieux décor blanc suggestif qui évoque tantôt un laboratoire de recherche, un marché, une chambre d’hôtel, un taxi, un orphelinat, un ascenseur… Les comédiens glissent d’une époque à l’autre, parfois aussi d’un rôle à l’autre, et maintiennent notre attention en éveil.

J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Marie-Christine Letort, dans le rôle de cette architecte talentueuse au bout du rouleau, en plein doutes alors « qu’elle aurait tout pour être heureuse », et découvert à ses côtés un groupe de jeunes comédiens prometteurs dans cette mise en scène précise de Xavier Gallais!

Bref, une pièce à part, réflexive, que je suis ravie d’avoir découverte!

Pour voir Majorana 370 au théâtre de la Reine Blanche

https://www.reineblanche.com/calendrier/theatre/majorana-370

du 18 janvier au 05 avril 2020, du mercredi au samedi : 20h45 , dimanche : 16h
Relâche le samedi 04 avril

Majorana 370

TEXTE : Florient Azoulay et Élisabeth Bouchaud

MISE EN SCÈNE : Xavier Gallais

ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE :Sandrine Delsaux

AVEC : Manon Clavel , Sylvain Debry , Mégane Ferrat , Benjamin Gazzeri Guillet , Jean-Baptiste Le Vaillant, Marie-Christine Letort , Alexandre Manbon , Simon Rembado

SCÉNOGRAPHIE : Luca Antonucci CRÉATION MUSICALE : Olivier Innocenti CRÉATION SONORE : Florent Dalmas RÉATION LUMIÈRES : Matthieu Ferry COSTUMES :Delphine Treanton CHORÉGRAPHIE : Fabio Dolce

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