Spectacle Quartett de Heiner Müller (d’après Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos), mise en scène de Jacques Vincey. Avec Hélène Alexandridis et Stanislas Nordey et Alexandre Meyer à la musique. Vu au théâtre Olympia CDN de Tours

Heiner Müller situe son action dans un salon d’avant la Révolution française ou un bunker d’après la troisième guerre mondiale, bref, dans un lieu clos, coupé du monde extérieur que l’on imagine aux accents de fin du monde. Il y fait se retrouver les deux protagonistes des liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos pour un dernier duel teinté d’érotisme et de l’humour noir du désespoir.
Et enfermer deux montres sacrés comme la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont… c’est risqué. Les anciens amants, libertins diaboliques, ont la répartie mitrailleuse. Quand tout s’effondre autour de soi, que peut-on faire ? Jouer, encore ? Jouer à revivre leur histoire, à le réinterpréter ? Mais attention, jouer “sérieusement”, à la vie, à la mort. La lutte sera sans merci. Et leur dernier spectacle sera grandiose … tout comme celui de Jaques Vincey pour sa dernière en tant que directeur ici, avec des visuels très forts qui resteront tout autant en mémoire que ceux de Und avec ses blocs de glace s’effondrant autour de Natalie Dessay…
Merteuil et Valmont nous entraînent avec jubilation dans leur danse macabre hypnotisante. L’une devient l’autre puis devient la jeune Cécile Volanges , Valmont joue Madame de Tourvel, etc… et dans cette valse des personnages, la cruauté, le cynisme, l’érotisme sont décuplés. Le renversement des rôles féminin-masculin permet d’entrevoir de nouvelles failles en eux et de creuser encore et encore la réflexion.
VALMONT : Je crois que je pourrais m’habituer à être femme. Marquise.
MERTEUIL : Je voudrais le pouvoir.(Un temps)
VALMONT : Alors quoi. Continuons à jouer.
Les superbes costumes grand siècle d’Anaïs Romand évoluent au fur et à mesure de leurs transformations, tout comme le décor, d’une boite blanche comme aseptisée jusqu’au marquant final.
Hélène Alexandridis et Stanislas Nordey sont deux duettistes d’exception, bien soutenus par la musique d’Alexandre Meyer,un trio de talent pour un grand Quartett à ne pas manquer !
Quartett au théâtre Olympia
texte Heiner Müller
traduction française de Jean Jourdheuil et Béatrice Perregaux
mise en scène Jacques Vincey, collaboration artistique Blanche Adilon-Lonardoni, conseil dramaturgique Irène Bonnaud, scénographie Mathieu Lorry-Dupuy, lumière Dominique Bruguière assistée de Nicolas Faucheux, musique Alexandre Meyer, costumes Anaïs Romand
perruques et maquillage Cécile Kretschmar
avec
Hélène Alexandridis Merteuil
Stanislas Nordey Valmont
et le musicien Alexandre Meyer
Pour voir Quartett :
26 septembre › 07 octobre CDN de Tours – Théâtre Olympia
12 octobre Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux
17 octobre Le Gallia Théâtre – Saintes
22 février La Halle aux Grains – Scène nationale de Blois
5 › 8 mars Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine
12 avril MA scène nationale – Pays de Montbéliard
16 › 17 avril Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace
14 › 16 mai La maisondelaculture de Bourges – Scène nationale
[…] Quartett Heiner Müller/ Jacques Vincey […]
Bonjour Eimelle, mais j’ai eu la chance de voir la première mise en scène de cette pièce en 1985 mise en scène par Patrice Chéreau avec Roland Bertin et Michèle Marquais au théâtre des Amandiers de Nanterre en 1985. Il faudrait que je revois cette pièce. Je suis passée à côté à l’époque. Bonne journée.
j’avais “révisé” les liaisons dangereuses avec la pièce Merteuil vue à Avignon cet été, cela m’a peut-être aidée!