BD Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges

Mon avis sur la BD Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges Bande dessinée de Léonie Bischoff, Fauve Prix du public du Festival d’Angoulême 2021, parue aux éditions Casterman en août 2020, pour la rubrique Conseils bande dessinée

BD Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges :

Cela faisait un moment que cette Bande dessinée attendait dans ma PAL. Repérée après des critiques élogieuses à sa sortie, j’attendais le bon moment pour la savourer, et je n’ai pas été déçue, c’est un grand coup de coeur!

Je connaissais quelques textes d’Anaïs Nin, en particulier autour de l’écriture, qui m’avaient particulièrement touchée mais de sa vie, pas grand chose. Cette BD comble parfaitement les manques, en relatant à la fois la vie d’Anaïs Nin et en intercalant habilement des extraits de son oeuvre.

On découvre ainsi la jeune femme dialoguant avec son journal, exposant des doutes, ses rêves, ses peurs… un personnage complexe dont Léonie Bischoff brosse un portait très complet.

BD Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges :  coup de coeur

Et Anaïs Nin a vraiment tout d’une héroïne de fiction! Née en 1903 en France d’un père cubain d’origine catalane et d’une mère franco-danoise, elle arrive aux Etats-Unis avec sa mère après la séparation de ses parents en 1914. Quittant l’école à 14 ans, elle travaille comme mannequin et épouse Hugo Parker Guiler, banquier, avec qui elle s’installe à Paris puis à Louvenciennes. L’écriture prend alors une place capitale dans sa vie, elle s’intéresse à la psychanalyse, s’interroge sur son identité, sa sexualité, rencontre Henry Miller et sa femme… C’est à cette période que se situe l’essentiel de la bande dessinée, à l’époque de cette rencontre déterminante dans sa vie personnelle et artistique.

La palette graphique m’a séduite et correspond bien à l’ambiance du récit en mêlant fantasme et réalité, onirisme et sensualité. C’était la première BD de l’autrice suisse que je découvrais, et Léonie Bischoff est incontestablement un nom à suivre! On referme l’album avec l’envie de se replonger dans les textes d’Anaïs Nin, pari réussi!

BD Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges :  bande dessinée

La BD Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges  est ma BD de la semaine, vous pouvez retrouver les lectures des autres participants chez Stéphie  cette semaine ainsi qu’à l’ Objectif PAL.

Et pour prolonger la lecture, un extrait du journal d’Anaïs Nin au sujet de l’écriture ( Journal février 1954 ):

«  Je crois que l’on écrit parce que l’on doit se créer un monde dans lequel on puisse vivre. Je ne pouvais vivre dans aucun des mondes qui m‘étaient proposés : le monde de mes parents, le monde de Henry Miller,  le mode de Rango,  ou le monde de la guerre. J’ai dû créer un monde pour moi, comme un climat, un pays, une atmosphère, où je puisse respirer, régner et me récréer lorsque j’étais détruite par la vie.

Voilà, je crois, la raison, de tout œuvre d’art. L’artiste est le seul qui sache que le monde est une création subjective, qu’il faut opérer un choix, une sélection des éléments. C’est une concrétisation, une incarnation de son monde intérieur. Et puis il espère y attirer d’autres êtres, il espère imposer cette vision particulière et la partager avec d’autres. Même si la seconde étape n’est pas atteinte, l’artiste, néanmoins, continue vaillamment. Les rares moments de communion avec le monde en valent la peine, car c’est un monde pour les autres, un héritage pour les autres, un don aux autres, en définitive. Lorsque l’on crée un monde tolérable pour soi-même, on crée un monde tolérable pour les autres.

Nous écrivons aussi pour aviver notre perception de la vie, nous écrivons pour charmer, enchanter et consoler les autres, nous écrivons pour donner une sérénade aux êtres qui nous sont chers.

Nous écrivons pour goûter la vie deux fois, sur le moment et après coup. Nous écrivons, comme Proust, pour la rendre éternelle, et pour nous persuader qu’elle est éternelle. Nous écrivons afin de pouvoir transcender notre vie, aller au-delà. Nous écrivons pour nous apprendre à parler avec les autres, pour consigner le voyage à travers le labyrinthe, nous écrivons pour élargir notre univers, lorsque nous nous sentons étranglés, gênés, seuls. Nous écrivons comme les oiseaux chantent. Comme les peuples primitifs dansent leurs rituels. Si vous ne respirez pas à travers l’écriture, si vous ne pleurez pas en écrivant, ou ne chantez pas, alors, n’écrivez pas. Parce que notre culture n’a que faire de tout cela. Lorsque je n’écris pas, je sens mon univers rétrécir. Je me sens en prison. Je sens que je perds mon feu, ma couleur. Ce devrait être une nécessité, comme la mer a besoin de se soulever. J’appelle cela respirer. »

Une participation au challenge Petit Bac , catégorie Lieu

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28 commentaires

  1. Depuis que je sais que cette BD existe, je veux d’abord retourner vers les livres d’Anaïs Nin, étudiés à la fac et adorés ! Rah, si je ne manquais pas de temps !

  2. J’ai beaucoup aimé également, et effectivement, ça donne envie de découvrir cette autrice !

  3. Quand le Journal d’Anaïs Nin est sorti en format de poche, sur quelques années, je me souviens de l’impatience avec laquelle on attendait le volume suivant (six en tout) et comme beaucoup d’entre nous nous précipitions dans une librairie pour continuer cette lecture passionnante.
    J’ignorais l’existence de cette bédé, à emprunter à l’occasion à la bibliothèque.

  4. Je suis toujours plus tentée et j’ai cri voir qu’elle était à la médiathèque alors je vais sans doute la lire bientôt!

  5. après avoir lu de très bonnes critiques, je l’ai acheté pour l’offrir, faut maintenant que je me la fasse prêter ^^

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