Le Canard à l’orange de William Douglas-Home pour poursuivre les #mardiconseil théâtre en cette période de salles de spectacles désespérément fermées… Aujourd’hui, une séance de rire entre une diffusion à la TV et une soirée DVD ou encore avec la lecture du texte de la pièce, deux versions différentes de cette pièce de théâtre ( et un peu de : je vous raconte ma vie de spectatrice au passage! )
La diffusion du programme sur la chaîne web de la Comédie Française : Les Cinq Premières Minutes où les comédiens revenaient sur leurs premières émotions, souvenirs de théâtre m’a donné envie de replonger à mon tour dans les pièces qui ont marqué mon histoire de jeune spectatrice. Il y a d’abord un Malade imaginaire, quand j’avais 8/9 ans. Un souvenir très fort, ces gens qui se disputaient pour de faux de façon si réelle… marquant ! Mais si je cherche du côté des rires (on en a bien besoin en ce moment non ?), c’est du côté de ce Canard que j’arrive, quelques années plus tard !
Le canard à l’orange et moi, c’est une longue histoire… Cela remonte au lycée, les copines de l’atelier théâtre, dont l’une cherchait des scènes comiques à travailler, et des après-midi à explorer le fond VHS (je vous parle d’un temps…) “Au théâtre ce soir”. Mailland, Poiret… et ce canard, version Michel Roux et non Poiret. Et allez savoir pourquoi, c’est devenu notre pièce culte ! Vue plusieurs fois, répliques : “m’immisce-je” et autres “glaçons de rivière ressassées… une pièce à jamais liée pour moi à cette période !
Cette version c’était celle-ci :
Au fil de l'article sur Tours et Culture
Le canard à l’orange 1993
- Mise en scène : Pierre Mondy et Alain Lionel
- Décor : André Levasseur
- Costumes : Louis Feraud
- Avec :
- Michel Roux : Hugh Preston
- Nadine Alari : Liz Preston
- Alain Lionel : John Brownlow
- Rachel Genevin : Patricia Forsyth (Patty Pat)
- Arlette Gilbert : Mme Grey
L’histoire a tout du vaudeville : Hugh Preston, animateur-vedette à la BBC, mari pas toujours fidèle, découvre que sa femme, Liz, a un amant et qu’elle envisage de partir avec lui… Il se lance alors dans un plan de reconquête digne du grand joueur d’échec qu’il est et va manipuler ses pions avec art en invitant l’amant de sa femme (John) à venir passer le week-end chez eux au prétexte de simplifier la procédure de divorce. Maniant les bons mots avec adresse, Hugh ne va pas laisser beaucoup de chance à John… Et entre cynisme et tendresse, Hugh et Liz vont finalement se faire une belle déclaration d’amour, tandis qu’en cuisine, la cuisson du fameux canard à l’orange cause quelques soucis…
J’avais des souvenirs de rires très forts en tête, certaines façons de dire ses répliques de Michel Roux, son côté cabotin qui fonctionne très bien dans ce genre, me font toujours monter le sourire aux lèvres en y repensant. Je trouve que cette distribution fonctionnait très bien, tous les rôles, y compris celui de la gouvernante , au diapason de l’humour.
Alors quand en juin 2018 j’ai appris que Nicolas Briançon montait à son tour ce canard, j’ai beaucoup hésité. J’aime beaucoup ce que fait Nicolas Briançon et de savoir qu’Anne Charrier que j’apprécie également (vue entre autre au théâtre dans En attendant Bojangles) était de la distribution donnait vraiment envie.
Si avec les amies du temps du théâtre au lycée nous sommes désormais bien éloignées géographiquement et que cela fait des années que nous n’avons pas vu un spectacle ensemble, la messagerie a tout de suite fonctionné : Tu as vu ? On y va ? Je ne sais pas, j’ai peur d’être déçue, ça m’ embêterait pour le duo Briançon-Charrier… et puis le budget pour aller à Paris… Oui, mais ils vont passer à Tours en tournée ! Ok, je réserve !
Sauf qu’entre temps Covid s’est invité… la date de tournée du printemps dernier a été reportée une première fois, puis une deuxième… puis annulée. Là, on s’est vraiment dit, zut, on aurait du y aller à Paris. Et puis, bonne nouvelle, une diffusion TV en décembre dernier, ce sera toujours mieux que rien! Alors ce 15 décembre, jours où les théâtres ont failli rouvrir (j’avais d’ailleurs une place pour un spectacle à Tours), RDV devant la télé, chacune a des centaines de kilomètres de distance, mais le portable pas loin pour les commentaires en direct …
Le canard à l’orange, Nicolas Briançon
- Auteur William Douglas Home Adaptation Marc-Gilbert Sauvajon
- Mise en scène Nicolas Briançon Assistant à la mise en scène Pierre-Alain Leleu
- Avec Anne Charrier, Nicolas Briançon, François Vincentelli, Camille Lavabre, Sophie Artur
- Décors Jean Haas Assistant décorateur Bastien Forestier
- Costumes Michel Dussarrat Assistant costumes Aimée Blanc Perruques et maquillages Michèle Bernet
- Lumières Franck Brillet
Alors certes, difficile pour nous d’oublier la version que nous connaissions quasiment par coeur. Quelques minutes pour se mettre dedans, s’échanger deux trois SMS, oublier les souvenirs, et c’est parti !
Cette nouvelle adaptation, un peu resserrée, moins datée, fonctionne plutôt bien. Dans un décor British – vintage qui fait sourire aussi, on redécouvre le texte (et son côté pas vraiment féministe qui apparaît peut – être d’avantage et “passe” moins bien aujourd’hui) . Les répliques cinglantes fusent et font-mouche… et cela fait du bien de se replonger dans cette ambiance un peu surannée de “Au théâtre ce soir”.
Du rythme, de l’énergie, une distribution équilibrée, le rire arrive très vite! Le côté “sois beau et tais-toi” de l’amant, celui séducteur impénitent du mari, les quiproquos… cela fonctionne ! Les histoires d’infidélité n’ont pas fini de nous faire rire… tant que c’est sur les planches bien sûr !
Au final, un avis positif , voilà du boulevard de qualité, comme on en a régulièrement besoin! D’ailleurs, la pièce a reçu 7 nominations aux Molières, autant dire que le succès a été au RDV pour cette nouvelle adaptation !
Alors, certes, je me suis ensuite replongée dans le DVD avec Michel Roux pour chercher quelles scènes avaient été modifiées, et notre lapin à bretelles restera toujours Alain Lionel mais cette nouvelle version mérite son succès. J’espère vraiment pouvoir la voir un jour “en vrai” car avec l’ambiance de la salle derrière cela doit être autre chose que chacun dans son canapé… la mayonnaise du rire ne prend pas de la même façon ! Un écran ne remplacera jamais la magie du spectacle vivant…
Et vous, du mal aussi à vous détacher de la première version d’une pièce vue?
Quelle version de ce canard déguster ?
En attendant de retrouver les salles, faites-vous une idée en regardant le DVD de la version Michel Roux ou en lisant le texte de la pièce paru à l‘avant scène théâtre !
Et avec ce Canard si difficile à cuire, voilà une une participation à Des livres (et des écrans) en cuisine !