Visite de Selles-sur-Cher et de son château de Philippe de Béthune

Une petite escapade « tourisme de proximité » en famille ce week-end, une journée à Selles-sur-Cher, dans le Loir et Cher, à deux pas de Chenonceau ou du zoo de Beauval,

une destination qui mérite le détour et pas seulement pour son fromage de chèvre (incontournable quand même, l’AOC Selles-sur-Cher, à accompagner d’un verre de vin de la région, tant qu’à faire!)

Pour nous, ce fût deux versions de pizzas au fromage de chèvre, histoire de rester un peu en Italie!

Nous avons commencé par une promenade dans la ville, en suivant le circuit proposé qui fait un tour complet des curiosités locales: (j’en parle plus bas)  avant de visiter le château.

L’histoire de la ville:
D’après la tradition, saint Eusice y bâtit au VIe siècle un oratoire qui fut épargné par une crue de la rivière. En 531, il prédit à Childeric, roi des Francs la victoire contre Alamaric, roi de Wisigoth, et à son retour victorieux, celui-ci y fit construire une abbaye, marquant la naissance du village.
L’abbaye et la ville souffrirent des guerres de religion , l’amiral de Coligny attaqua la ville dans laquelle s’était réfugié le clergé catholique avec les trésors de toutes les églises alentour.

Philippe de Béthune, frère du grand Sully, le Ministre de Henri IV, achète le Château de Selles-sur-Cher vers 1604. Jusque là, ce château avait eu une fonction de gardien de la riche abbaye de Saint-Eusice de sa ville.
Après une brillante carrière d’ambassadeur auprès du roi Henri IV, il cherche un domaine où passer sa retraite. C’est à Jacques II Androuet du Cerceau (1550-1614)- l’un des concepteurs de la place Royale à Paris, aujourd’hui place des Vosges , que l’on doit les plans du château du XVIIe siècle.
Utilisant la pierre, la brique et l’ardoise, Philippe de Béthune construit des pavillons dans le goût du jour, constructions orientées vers la ville et le Cher.
Grand mécène de son époque, il rétablit dans son importance l’abbaye et son cloître, comme il dote la ville de son hôpital.

Château de Selles-sur-Cher

D’abord forteresse médiévale dont la construction remonte à 935, ayant appartenu à Philippe de Béthune (frère de Sully, Maximilien de Béthune, duc de Sully, militaire protestant et un compagnon d’armes du roi Henri IV dont il devint l’un des principaux conseillers et qu’il nomme Surintendant des finances.).

Au moyen-âge, Thibault de Champagne (935), comte de Blois, est à l’origine du premier donjon construit sur motte. Vers 1140, Ginon de Mehun construit un château fort sur le site. En 1212, Robert de Courtenay de la maison capétienne de Courtenay construit un nouveau château avec trois tours d’angle et une maison de gardien.

Un gros travail de restauration reste à faire, le château a été laissé à l’abandon de 2002 à 2012, certaines salles sont vraiment très délabrées dans la partie médiévale, on devine pourtant de magnifiques traces de peintures anciennes, un très gros travail de restauration en perspective… il faut vraiment des passionnés pour s’y atteler!
Pour voir ce plafond magnifique, il faut suivre une visite guidée, par mesure de conservation de peintures déjà bien fragilisées, ne les manquez pas, c’est vraiment le plus marquant de la visite!

On rêve… les fragments sont encore assez nombreux pour imaginer comment pouvait être le château à son firmament…
On ne peut que souhaiter qu’une restauration soit possible!

Le pavillon de Béthune nous restitue davantage les fastes d’antan et une application sur tablette permet de se plonger en 3D dans 4 ou 5 scènes de l’histoire du château. Les plus jeunes adorent! Le contenu n’est pas très conséquent, je m’attendais à un peu plus mais l’idée est sympa.

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, les pavillons nord et sud et une porte sud ont été construits, vraisemblablement pour la famille de Trémouille, seigneurs de Selles. Charles VII y tiendra plusieurs Etats Généraux et Louis XI y dormira deux nuits.
Au début de la Renaissance, en 1604, que Philippe de Béthune, frère de Sully, et ambassadeur d’Henri IV s’installe à Selles. Il fait construire les deux Pavillons Carrés d’après les dessins de Jacques II Androuet du Cerceau. Il est également à l’origine des « Pavillons Dorés » dotés d’un riche décor. Il manque aujourd’hui, plus de 1 500m2 d’habitat au château d’origine qui fût démantelé par la suite.

En 1719, Anne-Marie-Louise de Béthune, sœur de la reine de Pologne, vend le château à Cardin Lebret, comte de Selles. Il changera plusieurs fois de propriétaires ensuite

 

Bref, un château dont on suivra les restaurations futures avec attention!

Philippe de Béthune

Baron puis comte de Selles-sur-Cher, baron de Charost, de Mors, seigneur de Font-Moireau,  né en 1565 et mort en 1649 en son château de Selles, il est le frère du célèbre ministre de Henri IV, Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, surintendant des finances, fait duc et pair en 1606, sous le nom de Sully.
Homme de religion, Philippe a fondé à Selles une congrégation de Feuillants, mais aussi une maison des Ursulines pour y accueillir des sœurs du couvent de Blois.

Philippe de Béthune sert avec distinction Henri III puis Henri IV pendant les guerres de la Ligue. Il est nommé lieutenant général en Bretagne, puis gouverneur de la ville de Rennes. Gentilhomme du roi, il est nommé chef du conseil des dépêches étrangères .
Premier gentilhomme de la chambre du roi, Philippe de Béthune, grand amateur d’art, est nommé ambassadeur en mission extraordinaire auprès de Jacques II, roi d’Écosse, puis de 1601 à 1605 ambassadeur ordinaire à Rome.
Il admire l’école naturaliste romaine, et sort de prison son peintre-phare, Le Caravage . Familier de Clément VIII, il prend part à l’élection de ses successeurs, Léon XI et Paul V.
Philippe est ensuite nommé ambassadeur en Savoie et en Allemagne sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII, avant d’accéder à la charge de gouverneur de Gaston d’Orléans.
Il meurt retiré sur ses terres de Selles-sur-Cher en 1649 à 88 ans. Une partie de ses riches collections d’art, constituées de statues et de toiles du courant naturaliste que ce collectionneur avait vu naître, a attiré la convoitise de la reine Christine de Suède. Mais, apparemment préemptée, elle intègre les collections royales de Louis XIV.
Sa collection comportait notamment deux tableaux qu’il assurait avoir achetés directement au Caravage, exposés à Loches où elles ont été retrouvée.
A lire ici Les Caravage de Loches

Philippe de Béthune épouse en 1600 Catherine le Bouteiller de Senlis dont il aura 5 enfants.  En secondes noces, il épouse Marie d’Alègre en 1608. Il n’aura pas d’enfant du second lit.

A voir dans la ville:

 
 
  • église et ancienne abbaye Notre-Dame-la-Blanche

    A la mort d’Eusice en 542, Childebert fit construire une magnifique église sur son tombeau. L’église est ravagée par les Vikings probablement en 903.

    Elle est reconstruite au cours du deuxième quart du XIIe siècle. Accolé à l’église, un monastère existait dès le Moyen-Âge, bordé de jardins et vergers.

  • Le 5 janvier 1563 les troupes protestantes de Coligny détruisent notamment le chœur de l’abbatiale et le trésor.
    En 1606, il ne subsiste plus que l’enveloppe extérieure du déambulatoire et les chapelles rayonnantes.
    En 1613, la congrégation des Feuillants qui s’était installée dans l’abbaye rehaussa le chœur et agrandit la crypte où elle déposa les reliques de saint Eusice.
    Ce n’est qu’en 1882 que l’architecte Anatole de Baudot entreprend de reconstruire l’édifice dans son état primitif, mais c’est une église presque neuve que l’on peut contempler.
    Le chevet de la chapelle d’axe est orné de deux frises sculptées de personnages datant du XIIe siècle. La première, au-dessous des fenêtres, est d’une facture assez fruste et représente différents épisodes de la vie du Christ. La seconde, au-dessus des fenêtres, est mieux proportionnée et représente la vie de saint Eusice.
  • La crypte située au-dessous du chœur renferme le tombeau de saint Eusice du VIe siècle.
    en détail : ici
    La Révolution expulse les moines en 1790, vend les bâtiments et les biens de l’Abbaye.
    Par la suite, la Mairie, la Poste, le Musée y seront logés. Le jardin potager de l’Abbaye deviendra le Champ de Foire.
  • Vestiges du cloître
  • Un signe de la présence américaine, à voir plus bas!

     

  • L’hôtel Dieu

    Bâti en 1616 par Philippe de Béthune, cet hôpital fut confié aux Frères de la Charité de Saint- Jean-de-Dieu. Seule l’aile donnant sur la place est d’époque.

    Ecole de Clamecy 

  • Les bâtiments actuels ont été remaniés pour l’essentiel au XVI sur des fondations plus anciennes. Cette seigneurie a pu recevoir la visite de Jeanne d’Arc lorsqu’elle résida brièvement à Selles-sur-Cher en 1429.

  • C’est au château de Selles-sur-Cher que se réunit, en 1429, l’état-major chargé de défendre Orléans contre les Anglais. L’hôte de cette réunion, Georges de la Trémoille, un ambitieux qui avait abandonné le parti bourguignon pour se rallier au roi, était l’ennemi déclaré de cette jeune lorraine, Jeanne d’Arc, qu’il prenait pour une aventurière et dont, en grand seigneur, il raillait la qualité de fille de paysan. L’inimité était apparemment partagée: Jeanne d’Arc, plutôt que d’être hébergée au château, préféra descendre dans une auberge du bourg. Quelques jours plus tard, la prise héroïque d’Orléans rehaussait encore la gloire de la Pucelle…
    ici
    Une autre trace de Jeanne d’Arc
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Couvent des Ursulines

Cette grande maison fut édifiée au XVIIème siècle pour accueillir  des religieuses de l’ordre des  Ursulines à la demande de  Philippe de Béthune.
15 représentantes de l’ordre s’y établiront: 8 pour dispenser l’enseignement aux jeunes filles et 7 ayant un rôle de soignant auprès de la population
La chapelle est détruite au XIXe et le reste très modifié pour être transformé en maison bourgeoise.

La porte Colombière

De nombreux vestiges des défenses médiévales sont visibles sur le pourtour du centre-ville, mais des cinq portes existant au XIIIème siècle, celle-ci, aujourd’hui murée, est la seule qui conserve ses tours.

 Au fil des rues et des bords du Cher

 

La maison dite du grenier à sel

 

aujourd’hui disparu : le camp de Remonte

A Selles-sur-Cher, le camp de Remonte, abritait des chevaux pour l’armée française, puis américaine.

 
Le 20 mars 1903, un détachement de huit hommes et quatre chevaux arrive à Selles. Le camp s’équipe, trois grandes écuries, des logements, réfectoires, une infirmerie, une maréchalerie, des hangars, une caserne et un pont-bascule, un puits, une éolienne et un château d’eau, le tout de part et d’autre d’une allée menant de la route au canal de Berry. Autour des constructions s’étendent des parcs.
Ce camp est un lieu de regroupement des chevaux achetés par l’armée. Les animaux ne sont pas dressés et ne restent que quelques mois tout au plus au sein du camp de Remonte.

« derniers jours » pour l’exposition-Selles sur cher  » 100 ans plus tard – « LE SOUVENIR DES SOLDATS AMERICAINS » à Selles sur cher jusqu’au 27 Août 2017

En 1918, l’armée cède le camp des Gravouilles au corps expéditionnaire américain. Les derniers chevaux américains seront vendus aux enchères publiques à Romorantin en avril 1919.
L’annexe de remonte cessera définitivement ses activités militaires en 1930.

 

Puis le camp a accueilli une conserverie. Il a ensuite hébergé des réfugiés espagnols .
Une vague de civils arrive en France après le déclenchement de l’offensive nationaliste dans le nord de l’Espagne au printemps 1937. Cet afflux oblige les pouvoirs publics à rechercher des lieux d’accueil. Ce seront principalement les communs du château de La Gaudinière à La Ville-aux-Clercs et le camp de Remonte de Selles-sur-Cher, deux sites qui accueilleront près de 1.000 personnes durant l’été 1937. La municipalité de Selles-sur-Cher propose un haras militaire désaffecté qui peut abriter jusqu’à 500 personnes. Le camp de Remonte se compose d’une caserne, de hangars et de deux écuries qui seront transformées en dortoirs.

 

3 commentaires

  1. Ce n'est pas très loin, et pourtant je n'ai pas encore visité Selles-sur-Cher. Mais je connais son très bon fromage. Vive les fromages de chèvre de Touraine. Nous sommes gâtés.

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