Même le silence a une fin, Ingrid Betancourt

Le 23 février 2002, Ingrid Betancourt est enlevée par les FARC. Un calvaire commence, qui prendra fin six ans et demie plus tard, le 2 juillet 2008.
Ingrid-Betancourt

Le titre : Même le silence a une fin provient du poème  Pour tous de Pablo Neruda

On a tellement dit, écrit de choses autour de cet événement qu’il me semblait important de lire ce que la principale protagoniste voulait en dire.

Il en ressort un livre bouleversant, qui se lirait presque comme un roman si le sujet tant politique qu’humain n’en était si grave.
Comment survivre , comment tenir psychologiquement face à une si longue captivité et dans des conditions si dégradantes? Face à l’environnement hostile, face aux humiliations, aux coups, jusqu’à « l’inécrivable », face aux conditions d’emprisonnement, les marches forcées, les conditions sanitaires, les « punitions » après les tentatives d’évasion manquées, les nouvelles de l’extérieur (la mort de son père, la voix de sa mère et de ses enfants à la radio), la séparation d’avec les prisonniers avec lesquels elle avait créée des liens, l’interdiction de parler, mais aussi la lutte entre prisonniers, pour la nourriture, pour l’équipement…
Comment déconnecter l’esprit du corps qui souffre pour ne pas sombrer? Les « occupations », tissage, sport, l’importance des livres (Harry Potter, les dictionnaires), la Bible. Résister aussi. Quelles qu’en soient les conséquences. Refuser de n’être qu’un numéro, cacher un poste de radio, refuser les mises en scène des « preuves de vie ».

Une profonde analyse, personnelle et de ceux qui l’entourent, la religion, l’espoir… Les mécanismes du pouvoir, de la domination, au sein des Farc, les processus de déshumanisation des prisonniers, les relations difficiles entre les prisonniers montés les uns contre les autres, des guérilleras qui restent en mémoire…

Une lecture qui m’a touchée, on pense à l’après aussi. Le sien, celui de sa famille, comment faire avec tout cela, plus la pression médiatique, pour reprendre un semblant de vie « normale » après ces années de captivité? On pense aux autres aussi et surtout, à ceux qui sont encore prisonniers en Colombie ou d’en autres pays en proie aux mêmes combats…

Et puis même le sujet est dramatique, il y a aussi une vraie découverte de la faune et de la flore de cette région d’amazonie, entre insectes, serpents et autres menaces, boue, pluie diluvienne,  mais aussi singes, perroquet,  une jungle à la fois hostile, dangereuse,  et des moments superbes, de chutes d’eau en  oiseaux multicolores, tout un univers qui se livre à nous

Colombie

8 commentaires

  1. Ca fait longtemps que je veux lire ce témoignage et je viens juste de voir le film \ »Operacion E\ » sur le même thème (l'histoire du fils de Clara Rojas, autre otage des FARCs), alors ton avis me fait penser que c'est le bon moment!

  2. Ce livre m'a bouleversé également, et la rencontre avec elle était vraiment extra…malgré tout ce que l'on peut dire sur elle, je la trouve remarquable pour le chemin qu'elle a parcouru !

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