Les Caravage de Philippe de Béthune, à Loches

Les Caravage de Philippe de Béthune, à voir à la Galerie Antonine de Loches.

Qu’ils ont fait couler de l’encre ces tableaux!

En 1999, deux tableaux sont découverts, sous la tribune de l’orgue de l’église Saint-Antoine à Loches. D’après les premières recherches, il s’agirait de deux des quatre tableaux achetés par Philippe de Béthune, comte de Selles (voir Visite de Selles-sur-Cher et de son château de Philippe de Béthune, ministre d’Henri IV, à Michelangelo Merisi dit le Caravage et longtemps exposés à la Chartreuse du Liget Chemillé sur Indrois dont les oeuvres d’art ont été dispersées après la Révolution.

Mais alors, originaux? Copie de l’artiste lui même, de son atelier ou copie plus tardive? Le mystère demeure!

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Mairie de Loches  :
Cardinal, ambassadeur de France à Rome de 1601 à 1605, Philippe de Béthune rencontre Michelangelo Merisi, dit Le Caravage, et, séduit par son style, lui achète quatre peintures – il est alors le plus grand mécène privé après le Roi de France.
Celles-ci sont détaillées dans un inventaire de 1608 où il recense l’ensemble de sa collection. C’est ainsi qu’à l’une des pages on peut noter qu’il a acquis « un grand tableau original dudit Michel Lange représentant le pèlerinage de Notre Seigneur à Emmaüs, se trouvant entre deux disciples, prisé 250 livres, et un autre grand tableau original dudit Michel Lange représentant Saint Thomas mettant son doigt dans la plaie de Notre Seigneur… prisé 130 livres ».

Les collections de Philippe de Béthune suivirent leur propriétaire au Château de Selles-sur-Cher où, comte de Selles, il se retira avant de mourir (1649). Lors de la Révolution, les tableaux firent l’objet d’une saisie révolutionnaire avant d’être amenés à Loches pour y être stockés dans un dépôt. Lorsqu’une nouvelle paroisse fut aménagée en 1813 dans l’ancien dortoir du Couvent des Ursulines (détruit pendant la période révolutionnaire), les autorités locales lui confièrent un certain nombre d’œuvres d’art. C’est aux murs de cette église que les deux toiles de Caravage restèrent accrochées pendant près de deux siècles, quasiment invisibles sous une épaisse couche de poussière.

L’analyse faite sur ces deux tableaux tend à prouver que nous sommes bien en présence de deux des quatre tableaux achetés par Philippe de Béthune à Caravage lui-même et qu’il considère comme originaux.

Pour José Frèches : « La présomption qu’ils soient de la main du Caravage est particulièrement forte… Toute une série d’indices techniques font que je n’ai aucun problème à affirmer qu’il s’agit d’originaux », « Pour moi il y a plus de chance que ce soient des Caravage que l’inverse », « quand il y a une copie, il n’y a pas de variante ».

Les Caravage de Philippe de Béthune Loches
arrêté en date du 24 septembre 2002, l’État décida de classer, les deux tableaux « Monuments Historiques ». En 2004, une analyse scientifique des peintures (texture, support utilisé, emploi d’une préparation rouge, fines traces de gravure sur cette préparation, repentir sur les deux tableaux, analyse des pigments identiques à ceux, particulièrement coûteux, utilisés par le Caravage – cinabre pour les rouges ou lapis-lazuli pour les bleus) faisait état de similitudes étonnantes avec les œuvres reconnues du Caravage.
Puis des restaurateurs agréés par les Monuments Historiques, « débarrassèrent les toiles de leurs repeints, vernis et autres mastics afin de retrouver la couche picturale originale qui avait (…) été très peu altérée, les toiles n’ayant pas fait l’objet de restaurations massives et étant restées “dans leur jus”. »
En outre châssis, cloutage et anneaux d’accrochage sont identifiés comme caractéristiques du tout début du XVIIe siècle, époque où Philippe de Béthune fit la connaissance du Caravage. Enfin, sous la direction d’un conservateur en chef du patrimoine en charge de ce dossier à la direction régionale des Monuments Historiques, « il fut procédé à une restauration de très grande qualité qui a permis à ces deux œuvres de retrouver leur éclat d’origine ».

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